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Si vous lisez ce livre sans rien connaître des dernières années de
Rousseau, vous pourriez peut-être penser qu’il était persécuté puisqu’il
le répète tant et plus.
Certes ses idées ne plaisaient pas à tout le monde et certains se sont
sans doute amusés à publier des textes en les lui attribuant, dans
l’intention de le ridiculiser à une époque où l’on ne contrôlait pas
vraiment les parutions littéraires.
Certes beaucoup de personnes devaient avoir des comportements étranges à
son égard. Certains peut-être lui reprochaient d’avoir placé ses
enfants à l'assistance publique de l'époque, abandon justifié, selon
lui, par son manque de fortune, même si alors les enfants n’occupaient pas
la place qu’ils ont aujourd’hui. Rousseau, qui n’en parle pas ici,
était d'ailleurs plutôt content qu’ils deviennent des paysans ou des ouvriers
et non pas des « messieurs ».
Mais la plupart du temps ceux qui se comportaient curieusement avec
lui le faisaient car ils savaient qu’il était quelque peu « dérangé ».
La folie de Rousseau quand il avait 60 ans était une sorte de paranoïa
puisqu’il croyait que tout le monde lui en voulait et se conduisait avec
lui de manière concertée pour le persécuter et ceci sans même lui dire
qui était derrière ces actions et pourquoi elles étaient menées.
Mais si Rousseau était bien fou et prenait par exemple ceux qui lui
demandaient des conseils pour des agents d’une ligue menée contre lui,
son entourage en était en partie responsable. Par exemple on apprend,
grâce à l’éditeur, que sa femme s’arrangeait avec les commerçants, avant
sa venue chez eux, pour qu’ils lui vendent des produits de qualité à un
prix dérisoire. Elle devait faire ça pour lui faire plaisir et réglait la différence aux commerçant. Rousseau bien sûr s’apercevait de cette supercherie et
pensait qu’il s’agissait de faveurs que ses persécuteurs lui faisaient
parfois pour atténuer ses peines.
Ceci pour dire que lorsqu’un individu n’a pas connaissance de tous les
éléments qui composent sa vie, même s’il est intelligent comme Rousseau
l’était, il ne peut pas facilement vaincre la folie, s’il y est sujet,
et risque au contraire de s’y enliser.
L'ouvrage se présente comme un dialogue entre un certain Rousseau qui n'est pas lui mais qui a lu ses livres et un Français qui représente l'opinion publique. |