Septembre 2025

L A   R É P A R A T I O N

entendons nous bien : Les États-Unis en la matière n’ont pas vraiment commis une faute comme l’a sans doute fait la France en demandant en 1825 à Haïti une énorme somme en échange de la reconnaissance de son indépendance mais les États-Unis en achetant la louisiane à la France en 1803, même s’ils ont eu du mal à payer puisque leur petit budget de nation émergente était alors de 10 millions de dollars (284 millions de dollars actuels) et que le prix de vente était de 15 millions de dollars (426 millions actuels), les États-Unis ont tout simplement « oublié » que cette acquisition leur a permis de devenir un pays disposant d’un territoire cohérent, que depuis ce temps leur budget a été multiplié par environ 24.000 pour atteindre aujourd’hui 6.700 milliards de dollars et que le montant de la vente de 1803 ne correspondait pas du tout aux énormes avantages qu’ils en ont tiré. Bien sûr la réussite économique des États-Unis est en grande partie due aux efforts et aux talents de ses habitants mais je crois qu’il faut réaliser que sans cette vente cette réussite n’aurait peut-être pas été possible ou beaucoup plus difficile à atteindre ou beaucoup moins intense.
quand on parle de la vente de la louisiane on pense généralement à tort qu’il s’agit de l’état de Louisiane actuel mais ce que l’on appelait « louisiane » en 1803 représentait un territoire de 2.145.000 km2 alors que l’état de Louisiane actuel n’a une superficie que de 135.000 km2. C’est donc un territoire 15 fois plus grand que l’état de Louisiane actuel qui a été vendu en 1803 et celui-ci représentait plus d’un quart de la superficie actuelle des États-Unis si l’on enlève l’Alaska qui est très vaste et très peu peuplé. Or 25 % de la superficie des États-Unis ce n’est assurément pas une petite chose. Et puisque les États-Unis sont devenus la première puissance mondiale on peut se demander pourquoi, même s’il s’agit bien sûr d’une chose ancienne, il n’y a pas eu d’actualisation du montant de la vente de 1803 avec donc le versement d’un « complément » à la France.
Bien sûr me direz-vous pourquoi dans ce cas ne pas demander aussi une réparation pour par exemple les invasions effectuées par l’Empire romain qui ont pris fin il y a 1.500 ans même si le pays à l’origine de cet empire ne semble plus être vraiment solvable pour répondre à une telle demande aujourd’hui ? Eh bien tout simplement parce que 200 ans ce n’est pas si lointain et que cela correspond à la naissance de cette grande nation que sont les États-Unis qui s’ils nous ont aidés à nous débarrasser du nazisme il y a 80 ans nous obligent aujourd’hui à ajouter des droits de douane pour tous nos produits entrant sur leur sol.
En réalité il ne s’agirait pas d’une «  réparation » mais d’une « actualisation » dont le montant, même si cette « actualisation » ne serait peut-être pas définitive, serait entièrement laissé à l’appréciation des payeurs que seraient les États-Unis. Mais étant donné l’importance qu’a eu l'achat du territoire nommé « Louisiane » dans leur histoire il me semble qu’un montant de 1.000 milliards deuros serait souhaitable même s’il pourrait être bien sûr un peu supérieur ou un peu moins élevé et versé par exemple sous forme de fractions pendant une dizaine d’années.
Ceci étant dit le fait que cette « actualisation » ait lieu ou non ne changerait pas vraiment la nature des relations entre la France et les États-Unis qui ont été globalement positives jusqu’à présent avec seulement quelques désaccords passagers, relations qui il faut l’espérer résisteront aux préoccupations économico-mercantiles de la présidence américaine actuelle, mais si elle se concrétisait cette « actualisation » montrerait au monde entier que les États-Unis sont très attachés aux principes moraux et qu’ils savent récompenser ceux qui les ont aidé à devenir ce qu’ils sont.
Quant à Haïti dont j’ai parlé au début et dont le problème remonte presque à la même époque que celle de la vente de la « Louisiane » aux États-Unis, problème pour lequel on peut vraiment parler de « réparation », il semblerait que ce pays souhaiterait un dédommagement d’environ 30 milliards d’euros de la part de la France, somme qu’il serait bien sûr plus facile de régler si les États-Unis actualisait le montant versé pour l’immense territoire que leur a vendu la France en 1803.
Puisque c’est napoléon lui-même, alors Premier Consul, qui avait décidé de cette vente je crois qu’il faut réaliser que ce n’est sans doute pas par philanthropie qu’il avait fixé un prix de vente modéré mais tout simplement parce que c’était un prix acceptable pour les Américains de l’époque et que, ne pouvant se douter de ce qu’allaient devenir un jour les États-Unis, il n’avait pas pris la précaution d’ajouter au contrat, si tant est que cela eût été possible, des clauses prévoyant une éventuelle révision du prix.
Enfin je crois qu’il faut dire que cette « actualisation », si elle se concrétisait, serait une véritable aubaine pour la France dont la dette publique a récemment dérapé pour des raisons mystérieuses même si l’on peut logiquement penser que ceux qui étaient chargés de la surveiller ont failli à leur mission, dette qu’il semble absolument impossible de réduire faute de majorité absolue et qui, le temps passant, risque de nous conduire si rien n’est fait à la situation humiliante de la mise sous tutelle. D’où l’intérêt de « l'actualisation » dont je viens de vous parler.

 
 
 
 
   
27