Mai 2023

Les nourritures terrestres

 

Quand on nous parle de nourriture aujourd’hui c’est pour nous dire qu’il ne faut plus manger de viande, ou éventuellement en manger moins, et aussi, inflation oblige, que tout est désormais trop cher. Mais l’on oublie souvent de dire que la population mondiale ayant augmenté nourrir 8 milliards d’estomacs n’est pas forcément une chose facile surtout quand le réchauffement climatique s’installe et que d’autres facteurs peuvent perturber les productions.
Concernant le fait de ne plus ou de moins manger de viande, après avoir appris que le secteur agricole représente au niveau mondial 24 % des émissions de gaz à effet de serre dont 14,5 % pour l’élevage et 9,5 % pour la culture et que pour l’élevage les bovins (lait et viande à égalité) sont responsables d’environ les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de cette activité, l’on devrait en conclure, si l’on était sensé, qu’il convient de boycotter les bovins, y compris leur lait ainsi que les moutons, mais pas forcément les autres animaux. En effet les bovins sont des ruminants et ont donc la particularité d’émettre pendant leur cycle de digestion du méthane qui est un gaz à effet de serre ayant un pouvoir de réchauffement global 28 fois plus élevé en moyenne que le CO2. Mais pourquoi vouloir se passer des autres types de viandes qui ne génèrent que peu de gaz à effet de serre ? Pourquoi nous proposer déjà de manger des insectes alors qu’il conviendrait d’élever en grande quantité tous les (petits) animaux peu ou pas consommés pour l’instant (les cochons d’inde ?) qui n’aggraveraient pas le réchauffement ? A moins bien sûr que l’on soit adepte du véganisme et que l’on pense que les animaux (même les insectes ?) ne doivent pas être exploités ou maltraités mais pour la majorité d’entre nous pourquoi ne pas continuer à manger de la viande ne serait-ce que pour y trouver des protéines sachant par exemple que pour avoir l’équivalent en protéines de 100 g de viande il faut manger 800 grammes de quinoa cuit ? A noter aussi que la mode consistant à ne plus manger de viande a déjà eu comme conséquence de faire augmenter son prix et que les plats préparés à base de céréales sont souvent très chers alors que leurs acheteurs sont la plupart du temps des jeunes aux revenus modestes.
Et pour tout arranger l’inflation est arrivée et désormais la nourriture, même ordinaire c’est-à-dire « non bio » et en particulier la viande, est trop chère pour nos portemonnaies. Mais puisqu’il faut bien continuer à manger, ne serait-ce que par habitude, ceux qui ont du temps à perdre peuvent visiter X supermarchés pour bénéficier des promotions qu’ils appliquent sur une poignée de produits parmi des milliers, à condition bien sûr de ne pas dépenser, par exemple en essence, plus que ce que l’on gagne à jouer à ce jeu-là.
Au niveau mondial, même si la productivité réussit à augmenter, en particulier grâce à des innovations scientifiques, il sera sans doute difficile de nourrir 9 milliards d’humains en 2050 puisqu’il faudra paraît-il pour cela doubler la production agricole à cause de l’augmentation de l’espérance de vie et du changement des habitudes alimentaires des pays en développement nécessitant plus de ressources. « Difficile » aussi à cause de la dégradation de la qualité des sols causée par l’agriculture intensive et des phénomènes climatiques extrêmes liés au dérèglement climatique (survie ou agriculture rendues impossibles par manque d’eau, inondations etc.). Certains pays, en particulier en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique centrale, subiront à cause du réchauffement climatique des sécheresses intenses et seront en état d’insécurité alimentaire ce qui, pour les plus pauvres et les plus touchés d’entre eux, provoquera des déplacements de populations. Selon les estimations 216 millions de personnes seront contraintes d’ici à 2050 de quitter leur région et il s’agira la plupart du temps de migrations à l’intérieur de leurs propres pays ou vers des pays voisins mais ces déplacés environnementaux trouveront souvent refuge dans d’immenses camps mis en place pour l’occasion où ils resteront sans doute indéfiniment, si le réchauffement persiste, en espérant seulement que l’aide alimentaire dont ils bénéficieront ne sera pas un jour insuffisante à cause de bouleversements climatiques qui pourraient aussi concerner les pays producteurs censés leur apporter cette aide qui alors ne pourraient plus faire face à la demande. Bref l'avenir des réfugiés climatiques et de tous ceux qui ne mangeront pas à leur faim ne s'annonce guère réjouissant même si l'on n'arrive pas encore à l'extrémité d'être obligé de manger du « soleil vert ».

 
 
 
 
   
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