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Puisque la page est « tournée » pourquoi revenir en plein mois de juillet sur la réforme des retraites qui est maintenant définitivement adoptée et qui ne suscite plus, de guerre lasse, de mouvement de contestation ? Eh bien tout simplement parce qu’il manque quelque chose dans les explications et commentaires qui ont été faits sur ce sujet et que nos amis journalistes, s’ils sont très brillants pour nous parler par exemple de « Wilson, le chien renifleur qui a permis de retrouver des enfants dans la jungle colombienne », ne nous aident pas beaucoup pour la réforme des retraites pour comprendre quelles seront désormais les diverses évolutions possibles et ce d’autant plus que l’on entre alors dans le domaine du journalisme prédictif dont ils ne raffolent pas.
Pourtant l’on peut tout de même dire, sans trop se tromper, que si un candidat appartenant au clan des « amis de Macron » ou au parti LR était élu à la prochaine présidentielle l’âge de départ, actuellement fixé à 64 ans, risquerait de très vite augmenter. En effet certains ont déjà déclaré que la réforme actuelle serait insuffisante et ce n’est sans doute pas un hasard si Édouard Philippe, possible successeur de Macron, est pour la retraite à 67 ans. En cas de majorité absolue aux législatives qui suivraient la présidentielle ce nouveau recul de l’âge de départ pourrait être adopté sans problème mais en cas de majorité relative, qui risque de devenir la règle, il serait difficile d’imaginer qu’il puisse encore l'être par 49.3, le nouveau président ne pouvant pas, comme Macron l’a fait, se moquer de sa notoriété au risque de perdre toute chance d’être réélu. Ceci dit il faut comprendre que cette nouvelle réforme serait sûrement une des préoccupations principales d’un président appartenant aux « amis de Macron » ou au parti LR et ceci d’autant plus que la dette qui n’aura sans doute que très peu diminué obligera l’exécutif à chercher alors des financements partout.
Si le RN accédait à la présidence, on ne sait pas trop ce qui se passerait car ce parti, bien qu’opposé à la réforme de Macron, est resté en retrait du mouvement social, réclamant certes un référendum mais sans que l’on sache si la retraite à 60 ans, qui fut un temps dans son programme, est toujours d’actualité ou si d’autres âges pourraient être envisagés (62 ans ou plus ?). Prônant une politique nataliste, la « préférence nationale » ainsi qu’une diminution des pensions et des aides pour les vieux immigrés, il n’est pas certain que le RN réussisse à rétablir la retraite à 62 ans et ceci pour cause d’absence de majorité que ne lui donneraient sans doute pas les autres partis, la gauche bien sûr, à cause des mesures autres que celle de l’âge, mais aussi les centristes macroniens et LR. De toute façon cela ne ferait sans doute pas partie des priorités étant donné les troubles et manifestations qui ne manqueraient pas d’accompagner son arrivée au pouvoir.
Si un candidat de La France Insoumise devenait président, en imaginant qu’il puisse trouver une majorité, du moins éphémère sur ce sujet, alors là ce serait plus clair : retour en arrière avec un âge de départ à 60 ans à taux plein après 40 annuités de cotisation et comme financement théorique entre autres des économies sur les dépenses de chômage et de prestations sociales (+ de retraités donc moins de chômeurs) et des hausses de salaires (+ de cotisations vieillesse) et bien sûr, comme il en a été question lors des discussions précédant l’adoption de la réforme, la taxation des grandes fortunes, des milliardaires, idée reprise par les autres composantes de la NUPES et qui est pour certains la panacée qu'il faut utiliser pour tout financer alors que sa mise en place pourrait provoquer des réactions telles que l’exil fiscal et que de toute façon l’on ne pourrait sans doute pas avoir recours indéfiniment à ce procédé.
Enfin il y aurait le cas de figure où un autre candidat opposé à la réforme des retraites accéderait au second tour de la présidentielle, soit un candidat socialiste, pro ou anti NUPES, ou un écologiste mais ils n’auraient aucune chance de gagner à cause de positions trop faibles sur les sujets de l’insécurité et de l’immigration, soit un candidat modéré sorti de nulle part ayant intégré les préoccupations principales des Français, candidat qui, tel un sauveur, pourrait l’emporter sur tous les autres, revenir intelligemment sur la réforme des retraites, en empêchant les allongements sans fin de l’âge de départ, nous épargner les aventures des partis extrêmes et nous débarrasser des « amis de Macron ».
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