Avril 2024

PARIS 2024   « Faites vos jeux »

C’est la troisième fois (après 1900 et 1924) que Paris est chargé d’organiser les Jeux Olympique mais cette fois-ci 100 ans, soit une éternité, après la réalisation précédente. Ces jeux qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août seront en principe, sauf surprise, parmi les moins chers depuis 1988 avec un budget de seulement 12 milliards dont environ la moitié de dépenses privées et le reste (5,2 milliards) de dépenses publiques. En effet peu de nouvelles constructions auront été nécessaires, Paris disposant déjà de certaines infrastructures. Mais ce qui distingue vraiment ces jeux des précédents c’est la cérémonie d’ouverture qui devrait avoir lieu non pas dans un stade mais sur la Seine, au cœur de Paris (10.000 athlètes sur environ 150 bateaux) mais qui, l’inquiétude grandissant, va peut-être finalement être remplacée par une cérémonie classique. Ce ne sont pas les possibles noyades d’athlètes ou de spectateurs qui tomberaient à l’eau mais surtout les risques d’attentats qui inciteraient les organisateurs à l’abandonner après avoir déjà réduit le nombre de spectateurs de 600.000 à 300.000 et renforcé les mesures de sécurité, pour que cette cérémonie d’ouverture ne se transforme pas en une « tragédie aquatique ». Mais avant la cérémonie d’ouverture il faudra bien sûr que la flamme olympique arrive à Paris et c’est pourquoi 10.000 porteurs se chargeront de la promener à travers toute la France pour ainsi essayer d’intéresser les provinciaux à des jeux dont les épreuves se dérouleront principalement à Paris ou en proche banlieue. Même si 400.000 billets de TGV supplémentaires ont été prévus pour l’occasion, il faut comprendre que les jeux de Paris 2024 ne seront en aucune façon des jeux « populaires et accessibles à tous » et ceci non pas seulement en raison des prix des billets qui, si l’on n’a pas été assez rapide ou si l’on n’a pas été tiré au sort, pourront dépasser les 500 euros mais surtout à cause des prix des hébergements temporaires qui, pendant la période des jeux, vont atteindre des sommets. En effet ces jeux ne seront accessibles qu’aux Parisiens et aux touristes fortunés, qu’ils soient étrangers ou français, mais pas du tout aux Français moyens ou modestes originaires d’autres régions que l’Île-de-France. Car ces derniers, en admettant qu’ils aient trouvé un billet pour une discipline les intéressant à un prix acceptable et qu’ils puissent se déplacer en train ou voiture, ne trouveront pas de logement à un prix raisonnable. Ils devront donc, chose assez contraignante, arriver à Paris juste avant l’épreuve et rentrer dans leur province juste après ou dormir dans leur voiture ou dans la rue. Sinon ce sera l’hôtel ou les locations style Airbnb. Or les Parisiens ont trouvé avec les jeux olympiques une manière de montrer que les Français pouvaient se comporter comme de véritables escrocs puisque le prix moyen d’une nuit d’hôtel à Paris va atteindre pendant la période des jeux 1.033 euros (avec obligation de réserver au moins 2 nuitées) et les locations Airbnb iront de 621 euros la nuit dans le 20ème (arrondissement le moins cher) à 2.018 euros dans le 1er (le plus cher). Les propriétaires ou locataires d’appartements ou les hôtels agissant ainsi n’ont sans doute aucune conscience morale mais les vrais coupables sont certainement les législateurs qui n’ont rien fait pour les empêcher de se conduire comme des brigands. Dans ces conditions il faut certainement avoir un talent particulier pour réussir à faire abstraction des éléments matériels et oser parler, comme le font certains, de « sentiment de fierté d’accueillir les jeux ».
A noter que pour que la fête soit complète des paris sportifs en ligne seront proposés pour toutes les épreuves (ou presque) et que si tout va bien ils pourraient générer jusqu’à 500 millions d’euros de mises. Et puisque des primes ont été octroyées aux agents publics mobilisés pour ainsi en principe éviter les grèves, il ne restera plus qu’à tranquillement se soucier, comme le font tous les pays, du nombre de médailles d’or, d’argent et de bronze que la France va bien pouvoir remporter sachant qu’à 2 exceptions près toutes les nations ayant accueilli les jeux après la guerre ont fait un grand bond au classement des médailles. Tout ceci bien sûr pour ceux que ça intéresse car pendant la période des jeux certains, même s’ils sont peu nombreux, vont les ignorer en coupant toutes les informations les concernant et ne les regarderont donc pas sauf s’ils tombent pile par hasard sur la finale du 100 mètres d’athlétisme qui a l’avantage de durer moins de 10 secondes. Mais si vous n’êtes pas allergique aux inévitables excès médiatiques qui auront lieu dans le pays organisateur, ne vous gênez surtout pas, « Faites vos jeux ».

 
 
 
 
   
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