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Pendant très longtemps sous la 5ème République tout a été simple : la droite gouvernait avec une majorité absolue et si c’était bien sûr pénible pour l’opposition cela apportait une sorte de tranquillité. Puis un socialiste fut élu en 1981 et obtint, après avoir dissous l’Assemblée, une majorité absolue. Par la suite le Président socialiste dut connaître pendant les 14 ans que dura son mandat une première cohabitation puis une seconde suite à l’obtention de la majorité absolue par la droite parlementaire et une troisième cohabitation eut lieu sous un Président de droite suite à une majorité absolue obtenue par la « gauche plurielle ».
Puis en 2017 Emmanuel Macron fut élu triomphalement mais celui-ci à l’occasion des législatives de 2022 qui suivirent sa réélection n’obtint qu’une majorité relative (245 députés). Et 2 ans plus tard, pour une raison qui reste encore inexpliquée selon certains, il décida de dissoudre l’Assemblée et les élections législatives qui eurent lieu au début des vacances d’été ne virent émerger aucun parti disposant de la majorité absolue mais 3 blocs de moins de 200 députés avec le « Nouveau Front populaire », une alliance de partis de gauche, arrivé en tête. A noter aussi qu’un barrage contre le RN consistant à organiser des désistements avait été mis en place pour l’occasion et que les résultats obtenus par la gauche, le parti présidentiel et bien sûr le RN ont sans doute été fortement impactés par ce système, c'est-à-dire qu'ils auraient été tout autres sans le barrage.
Ce que j’ai à dire là-dessus est très simple. Tout d’abord que les Français, qui n’ont jamais connu ça, vont essayer maladroitement de constituer des alliances pour que le pays puisse tout de même être gouverné et que le bloc arrivé en tête (le « Nouveau Front populaire ») ne va peut-être pas pouvoir gouverner comme il le souhaiterait c’est-à-dire en appliquant son programme puisque des solutions alternatives semblent être privilégiées par le Président entre autres celle consistant à exclure la composante du NFP située le plus à gauche (LFI) et à essayer d’inclure des députés de droite modérée. Il va sans dire qu’une solution va être très difficile à trouver, que tout ceci risque de durer des mois, que l’on va en parler encore et encore jusqu’à atteindre la saturation totale. Dans ces conditions je crois que la meilleure chose à faire pour une personne souhaitant garder un certain équilibre mental va consister à ne suivre tout ceci que de loin. Car cela va être terrible et la confusion risque de s’éterniser en attendant la prochaine dissolution qui en principe n’aura pas lieu avant 2027 et des législatives dont les résultats dépendront sans doute de ceux de la présidentielle sachant que jusque là il va falloir s’habituer au système des gouvernements de coalition qui en France ne semble être envisagé que sous une forme parodique (« un peu tout sauf les extrêmes »).
Quant à
Emmanuel Macron, que certains ont cru à tort totalement perdu, je pense qu’il a choisi la solution de la dissolution pour que, une fois le visage inquiétant d’une France sans majorité dévoilé, l’on ne puisse plus le considérer comme étant responsable de la situation. Je pense aussi qu’il avait prévu que grâce au barrage anti RN il allait conserver un nombre certes en baisse mais honorable de députés. Et alors que son parti « fourre-tout » censé représenter tous les modérés de droite et de gauche a favorisé les partis extrêmes, il essaie de faire croire qu’il est, lui et son clan, le seul rempart contre le RN et LFI. Ceci dit selon moi il n’est pas KO car en 2027 il n’y aura sans doute toujours pas d’autre candidat non extrême que celui de son clan capable de se qualifier pour le second tour. En d’ici là il compte bien occuper les esprits avec des majorités plurielles symboliques pour gouverner tant bien que mal. Mais puisque son parti est tout de même fragilisé il a proposé une alliance avec le parti LR (pour l’instant refusée) à l’issue de laquelle son parti deviendrait certes de droite modérée mais qui, en ressemblant un peu à celle du RPR et de l’UDF d’antan, serait sans doute une garantie contre les aléas politiques.
Enfin concernant le RN dont la possible accession au pouvoir constitue un problème majeur qui risque de se reproduire lors de prochaines élections il est tout de même surprenant que l’on soit prêt à tout, même à faire des désistements et des alliances contre nature (par exemple Ensemble votant pour LFI) tout en annonçant la guerre civile si le RN gagnait (dixit Macron), sans même avoir essayé de dissuader les électeurs de voter pour ce parti d’extrême droite, qui fait peur à certains, en leur rappelant tout simplement que certaines de ses idées sur certains sujets, même si l’on ne les partage pas, sont présentes, bien que sous des formes moins radicales, dans les programmes de certains partis non extrêmes et qu’ils peuvent donc s’ils le souhaitent essayer de faire passer ces idées en toute tranquillité en votant pour ces partis plutôt que pour le RN dont la victoire, si elle finissait malgré tout par se concrétiser un jour, serait sans doute contestée et accompagnée de divers troubles.
A moins bien sûr que le RN et son caractère extrême soit parfois bien utile, comme cela semble avoir été souvent le cas jusqu’à présent, par exemple pour faciliter la victoire quand on se retrouve face à lui au second tour de la présidentielle, mais si c’était vrai cela nous ferait sans doute entrer, même si comme diraient certains : « c’est déjà une habitude », dans le domaine trouble de la « TRASH POLITIQUE » où les combines en tous genres font rage surtout en des périodes de grande confusion comme celle que nous connaissons actuellement.
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