Image 1La farce des parrainages

2022 – Semaine 7

La farce des parrainages

 


Même si jusqu’à présent certains en doutaient, maintenant c’est une certitude, Éric Zemmour, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon auront bien leurs 500 parrainages.
En effet, même s'il était encore possible de modifier la loi promulguée sous François Hollande imposant que tous les noms des parrains des candidats soient rendus publics (avant seulement 500 noms après tirage au sort étaient dévoilés), le pouvoir au pouvoir a décidé, par l’intermédiaire du Modem et de François Bayrou, puisque cela aurait sans doute été déplacé que ce soit le parti LREM qui organise lui-même cette opération, de constituer une « réserve de signatures ». Autrement dit François Bayrou a demandé qu’un certain nombre de maires, sans préciser s’il s’agissait seulement de maires affiliés au Modem, acceptent de parrainer les candidats à la présidentielle n'arrivant pas à réunir les 500 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter, et ceci sans « adhésion partisane » mais par « souci de démocratie ». Toujours selon François Bayrou, cela devrait concerner des candidats ayant atteint la barre de 10 % dans les sondages et étant considérés comme « légitimes », sans que l’on sache d'ailleurs ce que ce terme signifie.
Grâce à ce subterfuge, tout le monde sachant qu’ils ont parrainé par exemple un candidat d’un parti extrême non pas parce qu’ils partageaient ses opinions mais uniquement parce qu’ils sont soucieux de démocratie, les maires en question ne devraient pas subir d’atteintes à leur intégrité ou à leurs biens de la part d’opposants comme cela aurait pu se produire s'ils l'avaient fait par affinité.
Ceci dit il faut bien sûr comprendre que cet acte de générosité de la part du Modem n’est pas totalement désintéressé. En effet, imaginez la réaction des partisans du parti LR par exemple si Éric Zemmour n’obtenait pas ses 500 parrainages et que Marine Le Pen, retrouvant la totalité des intentions de vote de l’extrême droite, devançait très nettement Valérie Pécresse, rendant totalement impossible l’accession de cette dernière au second tour. Macron ne serait-il pas alors accusé d’avoir volontairement éliminé Zemmour ? Et des scandales n’éclateraient-ils pas si Le Pen ou Mélenchon, après avoir toujours jusqu’à présent obtenu leurs 500 signatures, en étaient cette année privés ? Bref Macron, pour ne pas être critiqué, avait tout intérêt à agir comme il l’a fait par l’intermédiaire de son fidèle ami François Bayrou.
Toutefois cette aide artificielle a des failles puisqu’elle dépend de la fiabilité des sondages, un candidat annoncé à 10 % pouvant être aidé mais pas un autre crédité de 9 % et parce qu’elle prive le parrainage de son sens puisqu'il ne s'agit plus alors de soutenir un candidat mais d'aider à concourir des candidats « légitimes » en difficulté.
L’association des maires de France n’aurait pas vraiment apprécié cette proposition, jugée trop tardive, et elle a rappelé que les maires subissent souvent des pressions pour ne pas parrainer certains candidats avec parfois des menaces concernant le maintien de subventions. Mais François Bayrou envisagerait plutôt de s’adresser aux maires ruraux bien que leur association ait appelé à « ne pas considérer les maires ruraux uniquement comme des pompiers de service ».
Ceci étant « Si veut le Roi, si veut la Loi » et puisque Macron souhaite que tous les candidats « légitimes » aient leurs parrainages, nul doute qu’ils les auront. Mais personne n’imaginerait que le ridicule de la situation de 2022 se reproduise pour les prochaines présidentielles et il va bien falloir, un jour ou l’autre, modifier la loi modifiée sous Hollande pour, par exemple, revenir à la situation antérieure (ne divulguer que 500 noms de parrains sur l’ensemble), rendre anonymes les parrainages ou bien encore mettre en place un autre système comme celui des parrainages citoyens.
A moins que l’on décide un jour d’imiter la Chine où un seul candidat issu du parti unique est « présenté » à l’Assemblée nationale populaire par le présidium et est immanquablement « désigné » président de la république pour 5 ans (ordinairement par 100 % des députés), « élection » pour laquelle il a été jugé utile en 2018, pour plus de commodité, de supprimer la limite du nombre de mandats.

 
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