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Bien sûr une directive européenne doit être respectée, c’est du moins ce que l’on peut penser suite à la réinstauration par le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative française, de l’obligation du contrôle technique pour les 2 roues motorisés dont le gouvernement ne voulait pas mais, bien que les directives européennes ne soient pas forcément infaillibles en ce qu’elles peuvent peut-être parfois être absurdes ou infondées, on peut se demander pourquoi un contrôle technique serait imposé aux voitures et pas aux 2 roues. En août 2021 un décret avait donc décidé de la mise en place du contrôle pour les 2 roues allant même plus loin que le texte européen puisqu’il concernait aussi les deux-roues motorisés de moins de 125 cm³ (vitesse maximale de 45 km/h) mais quelques jours plus tard Emmanuel Macron avait annoncé la suspension de ce décret en déclarant que « ce n'était pas le moment d'embêter les Français », oubliant d’ailleurs, sans doute à cause du surmenage qu’il subissait à l’époque, que les automobilistes étaient aussi des Français.
Le contrôle technique des 2 roues a donc été rétabli et le gouvernement craint le pire en particulier les réactions des fédérations de motards et c’est pourquoi il a assuré qu’il y aura une concertation et laissé entendre que ce contrôle pourrait être aménagé (modalités, régularité, coût, normes) puisqu’il existait une marge de manœuvre importante laissée au gouvernement par la règle européenne. On peut donc penser que ce contrôle sera « light », le moins contraignant possible et peu cher mais, quant à savoir s’il finira par être accepté, c’est une autre histoire. Concernant les raisons évoquées pour sa mise en place il y a bien sûr la sécurité puisque 25 % des tués sur la route sont des utilisateurs de deux-roues motorisés alors qu’ils ne représentent qu’environ 2 % des usagers, comme l’indique un rapport remis au Comité National de la Sécurité Routière en 2020, mais on peut se demander si ces chiffres alarmants ne sont pas davantage dus à des comportements anormaux tels que par exemple une vitesse excessive plutôt qu’à des défaillances techniques qui pourront être détectées lors des contrôles. Dans les pays où le contrôle technique des motos est obligatoire on note toutefois une légère baisse des risques d’être victime d’un accident mortel mais sans que cela soit vraiment probant. Une autre raison évoquée pour rendre ce contrôle technique obligatoire, surtout par des associations comme « Respire » ou « Ras Le Scoot » qui souhaitent faire cesser les nuisances des 2 roues motorisés est bien sûr le bruit excessif que certains génèrent. Mais là il y a de fortes chances que les motos devant passer un contrôle retrouveront un échappement normal lorsqu’elles seront examinées et que cet échappement redeviendra bien vite « libre » une fois le contrôle passé.
Concernant l’avenir des 2 roues à moteur thermique il est à noter que, pour l’instant du moins, ils ne seront aucunement concernés par l’obligation du passage à l’électrique et continueront à être commercialisés après 2035, même si le ministère de la transition écologique prévoit de mettre en place une prime à la conversion pour l'achat de deux-roues électriques. Puisqu’une moto consommerait, paraît-il, en moyenne deux fois moins de carburant qu'une voiture, consommation et pollution malgré tout non négligeables, il sera aussi intéressant de suivre l’évolution du prix du carburant qui ne concernera plus que les 2 roues quand ils seront les seuls à continuer à en consommer, le parc automobile étant devenu électrique. Car si celui-ci devient hors de prix cela sera sûrement une incitation supplémentaire pour que les 2 roues deviennent eux-aussi électriques.
Et alors peut-être un jour, dans une centaine d’années, nous seront enfin privés du bruit insupportable des motos capable de réveiller en pleine nuit tout un quartier, motos dont les utilisateurs, puisque c'était là leur grand plaisir, devront trouver d’autres manières pour ennuyer leurs contemporains. Les motards ne seront plus alors vraiment « en colère » mais les plus anciens d’entre eux regretteront sans doute le temps où ils pétaradaient à longueur d’année dans les rues des grandes villes et le long des routes. Alors ils regarderont sûrement, les larmes aux yeux, un vieux film comme « Easy Rider » de 1969 mettant en scène le road-trip de deux motards rêvant de liberté sur les routes américaines à bord de leurs bruyantes Harley Davidson.
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