2022 – Semaine 41

La convention citoyenne pour les nuls

 

Après celle pour le climat une nouvelle convention citoyenne va bientôt commencer avec comme but de permettre d’élaborer une nouvelle loi sur la fin de vie qui entrerait en vigueur d’ici fin 2023. Cette convention aura lieu du 9 décembre 2022 au 15 mars 2023 et elle sera composée de 150 Français tirés au sort pour participer aux débats, avec une pondération en fonction du sexe, de l'âge, du lieu d'habitation, du métier et du niveau d'éducation des personnes. On pourrait croire que si le gouvernement agit ainsi c’est qu’il est incapable, bien que cela fasse aussi partie de ses attributions, de préparer un projet de loi mais en réalité il ne fait certainement que suivre les recommandations de ses cabinets de conseil qui doivent penser qu‘en recueillant les avis du peuple les lois vont pouvoir être votées plus facilement. Le principe est simple : pendant 3 mois les 150 français tirés au sort vont émettre des avis et faire des propositions mais in fine le gouvernement ne retiendra que ce qu’il voudra (comme on l’a vu suite à la convention citoyenne pour le climat) c’est-à-dire ce qu’il a prévu de retenir sauf peut-être une petite proposition (ou 2) à laquelle il n’avait pas songé et qu’il ajoutera à sa liste. Cette opération est bien pratique car elle permet de faire croire que la décision (la loi) vient du peuple et que le gouvernement ne fait que recueillir son avis.
Il s’agit bien sûr d’une tromperie grossière mais il semblerait que personne n’y trouve rien à redire, en particulier l’opposition de gauche, peut-être parce que cela ressemble un peu à la « démocratie participative », à la différence près que Macron, avec ses conventions citoyennes, ne fait que donner l’illusion de l’association des citoyens à la discussion et ne permet pas à ces citoyens d'avoir la possibilité de décider de ce qu'il convient de conserver.
A priori « brasser des idées » comme vont le faire nos 150 citoyens pendant 3 mois n’est pas forcément une mauvaise chose (sauf si le meilleur de ce qui est dit n'est pas retenu) mais il est probable que parmi les personnes tirées au sort peu seront conscientes que tout a déjà été décidé à l’avance et qu’elles servent de faire-valoir au gouvernement en l'aidant à faire passer une loi qui, sans convention citoyenne, serait peut-être contestée mais qui, grâce à elle, ne le sera sans doute pas puisque l’on fait croire que le texte de loi soumis au vote n’est que le fruit de la volonté du peuple.
Il est à noter que ce simulacre de démocratie plaît beaucoup à Emmanuel Macron puisqu’il est aussi utilisé sous une autre forme pour son CNR (Conseil National de la Refondation), consacré dans un premier temps à l'école et à la santé, pour lequel une grande consultation publique en ligne (grande consultation numérique) et sur le terrain va être organisée.
Concernant la convention citoyenne sur la fin de vie on constate que de nombreuses personnes souvent de gauche s’intéressent à ce sujet et réclament le « droit de mourir dans la dignité » et que même s’il n’y a qu’une probabilité de 1 sur peut-être 100.000 pour qu’elles connaissent un jour une situation où on veut les maintenir en vie contre leur gré, on peut estimer qu’il convient de donner la possibilité aux personnes en fin de vie qui le souhaitent d’être aidées pour mettre fin à leur existence, à condition que cela ne soit pas du suicide assisté pour des personnes en bonne santé physique. Mais de là à en parler pendant 3 mois comme vont le faire nos 150 citoyens tirés au sort c’est bien sûr très exagéré.
Et avec cette nouvelle habitude d’avoir recours aux conventions citoyennes pour faire passer plus facilement un certain nombre de lois, il est à craindre que les futurs présidents, du moins s’ils sont des modérés, continueront à utiliser cet artifice trompeur jusqu’à ce que peut-être un jour, dans une centaine d’années, les Français commencent à comprendre que cette manière de gouverner n’est pas tolérable et qu’il faut donc que le président et son gouvernement décident seuls et soient jugés sur leurs actions, grâce à la sanction du vote, ou qu’une vraie démocratie participative soit mise en place.
Mais en attendant je propose dès aujourd’hui qu’une nouvelle convention citoyenne soit organisée, convention ayant pour unique but de présenter un projet de loi interdisant, étant donné leur caractère fallacieux, d’avoir recours aux conventions citoyennes façon Macron ( Le plus tôt sera le mieux ).

 
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