2022 – Semaine 4

La crise après la crise ?

 


Imaginons, même si ce n’est pas du tout assuré puisque les scientifiques sont divisés sur la question, que, dans le meilleur des cas, le COVID nous laisse un peu tranquille en ne nous présentant plus désormais que des variants de moins en moins dangereux, et que l’on n’ait plus besoin d’avoir recours, comme cela s'est passé depuis le début de la pandémie, à toute une série de mesures telles que les aides d’urgence pour les entreprises, les plans de relance, les fonds de solidarité et de financement du chômage partiel, l’achat de millions de doses de vaccins et le paiement de millions de tests, qui auraient coûté, pour 2020, 2021 et début 2022, environ 140 milliards d’euros, il n’en demeurera pas moins que l’endettement de l’État, même s’il n’augmente plus, se situera aux alentours de 2.700 milliards d'euros, soit 118 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, ce qui est énorme, potentiellement dangereux et à réduire au plus vite.
Bien que n’étant pas économiste et même si officiellement « tout va bien grâce au vaccin », je pense qu’il est intéressant de se pencher sur ce sujet surtout que, comme vous l’avez remarqué, à la dette s’ajoute un autre problème qui est le retour de l’inflation, qui, bien que moins forte en France (2,8 %) que dans l’ensemble de l’Europe (5 %) ou qu’aux États-Unis (7 %), semble être tirée par l’augmentation des prix de l’énergie due à la reprise économique mondiale, mais sans que l’on sache vraiment quelle sera l’ampleur de cette inflation et si elle durera ou non.
On est donc obligé d’émettre des hypothèses, la première étant que l’inflation va diminuer dans quelques mois et se stabiliser à un niveau inférieur à 2 % et donc que la France, comme les autres pays, va essayer de réduire, rapidement mais tranquillement, en quelques années, sa dette publique, le niveau acceptable pour la France se situant un peu en dessous de 100 % de son PIB.
La deuxième hypothèse est, elle, assez pénible puisque c’est le cas où l’inflation continue à un niveau élevé et où l’on est donc obligé, pour la faire baisser, d’avoir recours à l’augmentation des taux d’intérêt, c’est-à-dire des taux auxquels il sera possible d’emprunter, mais, ce faisant, l’on risque de freiner la consommation, la croissance, les investissements des entreprises et la création d’emplois. L’économie, dans ce cas, risquerait d’être profondément affectée et la dette, quant à elle, serait encore plus difficile, voire impossible, à réduire et elle augmenterait même sensiblement, le temps passant, simplement à cause des taux d’intérêt.
Bien sûr, pour l’instant, comme Bruno Le Maire s’en réjouit, la croissance en France est bonne (6,8 % en 2021 et 4,2 % attendus en 2022) mais, même si l’on ne croit pas, comme certains, qu'une nouvelle crise financière soit possible, il faut réaliser que de nouvelles dépenses ou des baisses d’impôts ne seront pas envisageables dans ce contexte, du moins pendant un certain temps, à cause de la dette gigantesque que nous avons. Et c’est bien sûr un élément que les candidats à la prochaine élection présidentielle d’avril prochain devront prendre en compte car même si c’est plus ou moins une tradition que de vouloir apporter, lorsque l’on accède au poste de chef de l’État, quelques « soulagements » à ses compatriotes, la personne qui sera élue ne pourra pas concrétiser, si elle les a faites, de telles promesses, au risque d’aggraver encore une situation déjà bien difficile.
Tout ceci dans l’éventualité où le COVID se fasse oublier car, dans le cas contraire, par exemple si un variant aussi dangereux, voire plus, que le variant Delta venait à s’imposer et nous obligeait pendant encore des mois, à effectuer de nouvelles dépenses, il va sans dire qu’il faudrait quelques dizaines ou centaines de milliards supplémentaires qui s’ajouteraient aux 2.700 milliards de la dette actuelle, ce qui créerait durablement, à n’en pas douter, une situation inextricable ou, si vous préférez, une crise économique sévère dont nous aurions du mal à nous remettre ainsi que de la crise sanitaire qui s'éterniserait.
Alors, dans ce cas, si le pire se réalise, la meilleure initiative économique consistera sans doute à se recycler en devenant éleveur de chèvres et à tenter de survivre grâce à la vente de fromages « maison » que l’on proposera à des indigents sur les routes délabrées de notre pays dévasté.

 
132