2022 – Semaine 39

L'après Macron

 

Il est bien sûr difficile d’imaginer ce que sera le futur en particulier celui qui existera dans 4 ans et sept mois mais puisqu’Emmanuel Macron aurait récemment confié à des proches l’inquiétude qu’il avait qu`en 2027 l’extrême droite réussisse à conquérir le pouvoir intéressons-nous à ce que pourrait être « l’après Macron ».
Tout d’abord il est nécessaire, me semble-t-il, d'exclure tous les événements exceptionnels qui pourraient faire que son mandat soit écourté et de penser qu’en principe quelqu’un d’aguerri qui a déjà connu pendant son premier quinquennat la crise des gilets jaunes sera capable de terminer le second. Concernant ce qui va se passer avant la fin de sa présidence, a priori pas grand-chose, pas même la dissolution de l’Assemblée, une option que Macron à mon avis ne choisira pas étant donné le risque d'obtenir encore moins de députés aux législatives qui suivraient. Simplement puisqu’il a quelques réformes, comme celle des retraites, qu’il veut concrétiser, il va lui falloir louvoyer pour obtenir la majorité nécessaire, par exemple en les modifiant un peu pour qu'elles puissent passer. Et, dans le pire des cas, s’il jugeait utile malgré son soi-disant penchant pour la concertation d’utiliser le 49.3 et qu’une motion de censure soit déposée et adoptée par la majorité des députés, le gouvernement serait obligé de démissionner mais serait bien vite remplacé par un autre assez semblable.
Mais si la gouvernance de Macron n’offrira peut-être guère de surprises le temps va tout de même passer d’ici 2027 et concernant le paysage politique plusieurs hypothèses sont envisageables.
La première hypothèse serait que rien ne bouge et qu’il y ait en quelque sorte le maintien du statu quo de l’importance actuelle des forces politiques, ce qui ne serait pas forcément une situation favorable à l’émergence de nouveaux leaders et dans ce cas si en particulier aucun(e) modéré(e) n’a émergé en 2027, modéré non affilié ou plus vraisemblablement appartenant au parti Renaissance, à Horizons ou encore au parti LR, il y aura sûrement faute de mieux le candidat modéré choisi par Macron comme devant être son successeur. Mais même si ce candidat reprend à son compte, comme il se doit, le style macronien, il n’aura peut-être pas l'aura du Président actuel et, s’il ou si elle est élu(e), ne disposera pas forcément ensuite de la majorité absolue, comme cela s’est produit cette année à l'issue des législatives. En d’autres termes le triomphe ne serait pas assuré et une certaine lassitude pourrait même naître si la majorité était à nouveau relative.
Mais comme l’importance des modérés (et leur nombre) semble avoir fortement diminué depuis Macron, la seconde hypothèse serait donc que l’extrême droite progresse encore et que, comble de malheur, que la droite traditionnelle accepte de s’allier avec elle, comme on l’a vu en Suède, pour lui permettre de gouverner si elle gagnait la présidentielle. La crainte qu’a Macron pour 2027 n’est donc peut-être pas totalement infondée. Tout dépendra à mon avis (mais je peux me tromper) de la loi immigration qui, si elle est perçue comme étant insuffisante en ce qu’elle ne permet pas de contrôler l’immigration par pays d’origine, risque de faire pencher la balance en faveur du parti d’extrême droite.
Je n’ai pas parlé, jusqu’ici, du possible retour du PS, auquel je ne crois guère avant un certain temps et sous sa forme actuelle, ni de l’éventuelle montée du parti EELV, dont certaines idées pratiques sont reprises par tout le monde mais qui ne semble pas crédible comme parti de gouvernement, ni de La France Insoumise qui ne sera peut-être pas capable de surmonter son problème de succession et qui ne renouvellera sans doute pas le bon score de Mélenchon à la dernière présidentielle..
En tous cas une chose est sûre, il reste encore 4 ans et 7 mois pour qu’une personnalité émerge mais je ne vois pas comment et avec quel programme cela pourra se faire, comment, s’il s’agit de quelqu’un de nouveau, il ou elle va pouvoir avoir accès aux médias pour se faire connaître ou même comment les partis vont réussir, autrement que par des primaires tardives, à trouver la bonne personne.
Quant à Macron, si l’extrême droite l’emporte en 2027 et si certains l'accusent d'avoir favorisé sa réussite, on risque de ne plus beaucoup le voir pendant l’éternité (du moins il faut le lui souhaiter) que durera sa retraite.

 
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