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La semaine dernière, suite à l’annonce de l’explosion du prix de gros de l’électricité (1.000 € le MWh prévu en 2023 contre 85 il y a un an), l’on a commencé à s’inquiéter de ce qu’il adviendra à partir de janvier prochain quand le bouclier tarifaire qui permettait de bloquer les tarifs réglementés de vente de l'énergie à un certain niveau sera supprimé. Certes avec un coût de plus de 20 milliards (16 milliards pour l'électricité et 4,7 milliards pour le gaz), plus important que prévu, on comprend bien que l’État souhaitait y mettre fin. Pourtant l’on peut craindre qu’une fois le bouclier disparu les prix se mettent à flamber comme ça a été le cas par exemple pour l’électricité au Royaume-Uni (+ 80 %). Bien sûr des aides à destination des plus modestes seront mises en place mais, pour les autres, en particulier les classes moyennes, on peut se demander quelle sera l’augmentation des prix de l’électricité et du gaz.
Le gouvernement lui reste serein, Bruno Le Maire qui nous a assuré que les hausses seront « contenues » et Élisabeth Borne qui a déclaré : « Les Français peuvent être rassurés, nous amortirons les hausses, nous n’allons pas laisser les prix de l’énergie exploser ». La présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé, ayant elle exclu que la facture énergétique des Français puisse augmenter « de 35 à 50 % » rien n’interdirait donc que l’augmentation atteigne tout de même 20, 30 ou 34 %. Donc l’État, même s'il abandonne le bouclier tarifaire qui coûtait des dizaines de milliards en partie pour limiter jusqu'à présent la hausse des tarifs de l'électricité à 4 %, va tout de même être obligé de compenser la différence entre l’augmentation « naturelle » qui pourrait être égale ou supérieure à 70 % et la limite semble-t-il encore acceptable de 34 %.
C’est donc là où cette histoire devient intéressante car il y aura alors 2 manières d’agir, la première en se contentant d'injecter un peu d’argent, une sorte de « mini bouclier tarifaire » en principe moins onéreux que l’ancien puisque n’ayant plus comme objectif que l’augmentation ne dépasse pas 34 % (à noter qu’il pourra être modifié en cours d’année grâce à des lois de finances rectificatives, pour permettre à l’État de faire des ajustements en fonction des besoins), et une seconde solution qui elle consisterait à taxer de surcroît les superprofits des grandes entreprises pour financer et renforcer le « mini bouclier tarifaire ». La taxation des superprofits ne semble pas enthousiasmer le gouvernement et le Président même si Élisabeth Borne a tout de même déclaré qu'elle « ne fermait pas la porte » à une telle mesure. D’autres, en particulier à la NUPES, réclament cette taxation mais encore faut-il savoir de quoi l’on parle.
Pour certains, par exemple les socialistes, il pourrait s’agir d’une taxe temporaire de 25 % sur les superprofits des sociétés pétrolières et gazières, les sociétés de transport maritime et les concessionnaires d’autoroutes mais pour d’autres comme les membres de La France Insoumise il faudrait taxer toutes les multinationales même celles n'ayant pas de rapport avec l’énergie. En Europe quelques pays comme la Grande-Bretagne, en partie productrice, l’Italie, l’Espagne ou la Belgique envisagent ou ont commencé de taxer des entreprises du secteur de l’énergie, et aussi pour l’Espagne de grandes entités financières ayant réalisé des bénéfices importants mais il semblerait que cela ne rapporte pas énormément, par exemple pour l’Italie seulement 1,23 milliard d'euros au lieu des 4 milliards attendus fin juin 2022. Il est donc probable que le gouvernement français, auquel cette mesure ne plaît guère, ne la mettra en place que s’il y est vraiment obligé, s’il ne peut réduire la dette abyssale de l'État et si son « mini bouclier tarifaire » s’avère être trop coûteux en cas de doublement (100 %) ou plus des prix de l’électricité et du gaz, l’objectif étant toujours de ne pas dépasser les 34 % d’augmentation pour les Français.
Heureusement il existe la « sobriété énergétique » mais celle-ci a tout de même des limites si en étant sobre on n’a plus que 15 degrés au lieu de 21 dans son logement en hiver tout en payant davantage pour le chauffage que les années précédentes. Il restera donc à savoir si la fin de l’abondance (et de l’insouciance) sera ou non « supportable » pour les pauvres citoyens que nous sommes habitués jusqu’à présent à un certain confort et malmenés désormais pour l'achat de produits alimentaires, pour nos déplacements, pour le chauffage et pour l'utilisation d'appareils fonctionnant à l'électricité.
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