2022 – Semaine 34

Le tatouage dans tous ses états

 

Il n’y a pas bien sûr d’actualité particulière concernant le tatouage en cette fin de période estivale sinon que si l’on s'est approché d’un plan d’eau ou de la mer, on n'a vu que ça. Le tatouage existe depuis très longtemps, certaines tribus l'utilisant depuis des millénaires et depuis quelques siècles des baroudeurs comme des marins avec des motifs assez grossiers mais le phénomène massif que nous connaissons est récent puisqu’il a commencé il y a un peu plus de vingt ans. Il s’agit bien sûr encore une fois d’une mode qui nous vient des États-Unis et qui a été favorisée par des progrès technologiques permettant d’améliorer les motifs. En France le taux de tatouage serait aujourd’hui de l'ordre de 10 % dans l'ensemble de la population et avoisinerait les 20 % chez les jeunes de 25 à 34 ans. Contrairement à la mode de la barbe, par exemple, qui peut être abandonnée instantanément, le tatouage est quasiment définitif car si l’on peut se faire tatouer pour environ une centaine d’euros le retour en arrière c’est-à-dire le détatouage, qui n’est que partiellement efficace et qui dépend de l’étendue de la zone à traiter, peut facilement coûter plusieurs milliers d’euros si bien que 9 tatoués sur 10 vont garder leurs tatouages toute leur vie. Bien sûr il y a des différences considérables concernant la quantité de tatouages que l’on accepte d’accueillir, entre la simple petite fleur sur l’épaule de certaines femmes et le tatouage intégral de ceux qui se font tatouer des pieds à la tête.
On aurait pu croire, il y a quelques années, que les personnes tatouées allaient avoir des difficultés pour trouver ou garder un emploi mais il semblerait que non, à part bien sûr les personnes se faisant tatouer le visage et voulant évoluer dans un milieu particulier où l’image est importante ou plutôt traditionnel comme celui d'une banque. Mais à part le visage qui semble être encore une zone à préserver le tatouage se montre volontiers et sans retenue. J’ai vu par exemple des sites Internet de vente de vêtements masculins où quasiment tous les modèles étaient tatoués. Ceci dit il faut bien comprendre que cette tolérance et cette acceptation n’ont été rendues possibles qu’à partir du moment où de nombreuses vedettes (sportifs, comédiens, musiciens etc.), qui ont bien sûr leur part de responsabilité dans ce phénomène, ont fièrement montré leurs tatouages. Et il existe même des émissions télé ainsi que de nombreux sites Internet qui nous expliquent entre autres comment l'on peut recouvrir un petit tatouage par un nouveau souvent plus gros.
Bref c’est le triomphe de la mode la plus stupide que nos sociétés aient jamais adoptée. Pourquoi stupide ? Parce que l’on est souvent jeune lorsque l’on se fait tatouer et je n’apprendrai à personne que, les années passant, les goûts, la personnalité, les convictions changent souvent si bien que tous les anciens jeunes tatoués vont devoir porter éternellement des signes de leur passé qui ne seront un jour plus rien d’autre pour eux que le souvenir de leur jeunesse insouciante. Un nombre non négligeable de personnes tatouées regrettent d’ailleurs de l’avoir fait mais puisqu’elles ne pourront pas faire effacer leurs tatouages cela risque de les enfermer pendant très longtemps dans la marginalité ou les conduire à la dépression. Pourquoi stupide ? Parce qu’à part quelques cas très rares l’esthétique des tatouages n’est pas très originale et dépend du talent des tatoueurs qui ne sont pas tous des artistes de génie. De plus cette esthétique se situe souvent dans la normalité du moment qui sera sans doute un jour démodée et dépassée. Pourquoi stupide ? Parce que très peu de tatouages seront effacés et que la plupart d'entre eux resteront gravés sur la peau des tatoués jusqu’à leur mort.
Un jour viendra où les maisons de retraite seront remplies de personnes tatouées, avec d’ailleurs des motifs déformés, et ceci même si cette mode s’arrêtait brusquement mais puisque rien ne nous garantit qu’elle ne va pas continuer et même s’amplifier, j’invite tous les scientifiques ayant un semblant de considération pour ce que doit être l’être humain à passer leurs jours et leurs nuits à essayer de concevoir des encres d’un nouveau genre, encres qui, bien que durables, pourraient être très facilement effacées et à peu de frais. Ainsi le problème serait presque réglé. Enfin, à moins de fermer les yeux, les tatouages sont aussi souvent une souffrance réelle pour ceux qui sont obligés de les regarder, ce qui n’est pas pourtant forcément le but recherché par les tatoués, dont un certain nombre croient même naïvement qu’ils améliorent leur apparence.

 
137