2022 – Semaine 32

Le cannabis inoffensif

 

Depuis le 1er août 2022 les médecins suisses peuvent prescrire du cannabis à leurs patients sans autorisation exceptionnelle. Ce cannabis, que l’on appelle le cannabis médical mais qui est la drogue ordinaire qui comporte tous les principes actifs, concernera en Suisse par exemple des personnes atteintes de cancer ou de sclérose en plaques. En France ce cannabis médical est toujours interdit certains pensant que sa légalisation entraînerait bien vite celle du cannabis à usage récréatif.
Sans prendre parti pour ou contre la légalisation du cannabis récréatif qui serait consommé par plus de 5 millions d’usagers réguliers français je me contenterai de rappeler que le cannabis au volant quand il est associé à l’alcool multiplie par 15 le risque d’accident et que l’on a constaté dans les pays qui ont légalisé le cannabis qu’un marché illégal persistait avec souvent des prix plus bas ou des produits plus fortement dosés. Ajouté à cela, pour la santé, que le cannabis lorsqu’il est fumé génère sept fois plus de goudrons cancérigènes et d’oxyde de carbone que le tabac.
Ceci étant dit ce qui me semble intéressant aujourd’hui c’est la multiplication de la vente de CBD qui est en quelque sorte un « cannabis inoffensif ». Pour rappel le cannabis contient en autres du THC (Tétrahydrocannabinol) qui est une substance active réputée pour ses effets psychotropes et du CBD (Cannabidiol) qui lui n’en a pas mais qui aurait des vertus thérapeutiques. Le CBD est généralement produit à partir d’une variété de chanvre qui contient un taux de CBD élevé et quasiment pas de THC et le THC à partir d’une autre variété contenant beaucoup de cette molécule psychoactive (entre 10 et 30 %). La vente de CBD est autorisée à partir du moment où le produit contient moins de 0,2 % de THC et l’on trouve aujourd’hui du CBD presque partout et sous toutes les formes : fleurs de chanvre, résine, graines, cristaux, huile, e-liquide, pommades etc. et on le consomme en tisane, en l’incorporant dans la nourriture, en sublingual (pour l’huile), en le fumant ou l’inhalant ou par application pour les pommades.
Et il s’agit d’une véritable mode, des centaines de sites Internet proposant aujourd’hui l’achat de CBD sous différentes formes. L’on a peut-être dit tout et n’importe quoi concernant les vertus du CBD, qu’il avait des effets antiépileptiques, anxiolytiques, anti-inflammatoires, antipsychotiques et neuroprotecteurs et que c’était une solution efficace pour lutter contre l'anxiété et la dépression, les douleurs chroniques telles que l'arthrose, les troubles intestinaux, l'acné etc. mais, si cela est vrai (je n’en ai jamais consommé), cela signifie qu’il s’agit d’un vrai médicament qui doit être considéré comme tel, qui ne doit pas être en vente libre comme c’est le cas actuellement et qui doit bénéficier d’une posologie. On comprendrait mal par exemple qu’une substance ayant soit disant des vertus anxiolytiques puisse être consommée par n’importe qui et n’importe comment (à n’importe quelle dose) alors que justement les médicaments anxiolytiques sont délivrés avec prudence par les psychiatres.
C’est donc le bazar et même certains sportifs avouent consommer du CBD pour, disent-ils, améliorer leur concentration et diminuer et soulager leurs douleurs musculaires ce qui devrait être, bien sûr, interdit en compétition. Je propose donc que l’on effectue enfin des études approfondies sur les effets du CBD pour, si ceux-ci sont réels, le transformer en médicament délivré uniquement sur ordonnance et qu’avant même ces résultats on interdise purement et simplement sa vente dans le commerce.
Mais, me direz-vous, si l’on encadre le CBD ne faudra-t-il pas aussi se soucier des effets y compris indésirables du cannabis récréatif si celui-ci est un jour légalisé ? Sans doute mais puisqu’il sera difficile de surveiller l’état de santé de tous les usagers tout ceci dépendra du degré d’indifférence que nos gouvernants manifesteront concernant la protection de la population quand celle-ci consommera de manière légale une drogue dite « douce » car ne provoquant pas d'overdose.
Et si le CBD est un jour encadré, ceux qui en achetaient et faisaient leur petite préparation qu’ils dosaient à leur manière le délaisseront sans doute au profit du vrai cannabis récréatif et ce d’autant plus naturellement que celui-ci sera peut-être très bientôt légalisé tellement les anciens soixante-huitards et leurs petits frères et sœurs qui sont aujourd’hui au pouvoir semblent y être attachés.

 
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