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Il y a quelques jours la première ministre Élisabeth Borne a annoncé qu’en cette période d’intense inflation un chèque alimentaire pour les plus modestes serait délivré à la rentrée. Ce chèque alimentaire fait partie des propositions de la loi « pouvoir d’achat » qui devrait entrer en vigueur, si tout va bien, à l’issue des élections législatives. Outre le chèque alimentaire cette loi « pouvoir d’achat » devrait être composée de la prime Macron, du RSA, de la redevance TV, de l’indexation des retraites sur l’inflation et de la prime carburant.
Tout d’abord ce qui saute aux yeux c’est qu’à part la suppression de la redevance TV (138 euros) qui profitera à tout le monde tout le reste s’appliquera à des publics particuliers.
Concernant le chèque alimentaire pour les plus modestes, dont les jeunes de 18 à 25 ans, Emmanuel Macron avait mentionné, pour les bénéficiaires, les classes modestes et les classes moyennes mais puisque le nombre de personnes concernées ne serait que de 8 millions, soit le nombre de pauvres en France selon l’INSEE (moins de 1.026 euros par mois pour une personne seule après impôts), il semblerait que les classes moyennes ne seront pas concernées. Pour le montant, après avoir parlé un temps de 30 à 60 euros par mois et par famille, en fonction du nombre d’enfants à charge, l’on s’orienterait plutôt vers un montant de peut-être 150 euros versé en une fois. En fait le premier chèque alimentaire ressemblera à une prime inflation octroyée cette fois-ci uniquement aux plus modestes et sera versé directement sur les comptes des bénéficiaires mais une réflexion est en cours pour que les chèques alimentaires suivants, dont le nombre et la fréquence n'ont pas été précisés, puissent servir à acheter des aliments sains et bios. Quoi qu’il en soit malgré l’utilité de ce chèque, qui ne sera pas mensuel et qui ne concernera que les plus pauvres, l’on ne peut que regretter que l’on ait recours à des mesures s’apparentant à de la charité plutôt que d’essayer de faire en sorte que tous les Français aient des revenus suffisants pour acheter des produits alimentaires, même en période d'inflation.
Pour la « prime Macron » (Prime Exceptionnelle de Pouvoir d'Achat) il est à noter qu’elle devrait tripler pour passer de 1.000 à 3.000 euros par an (voire plus dans certains cas) pour les salariés dont le salaire est inférieur à 3 fois le SMIC mais comme ce seront les entreprises qui continueront à la payer cela ne sera pas une aide de l’État. Tout en sachant qu'elle n'est toujours pas obligatoire et que l’employeur peut décider de fixer un montant inférieur au futur plafond de 3.000 euros.
Concernant le RSA l’on se demande pourquoi il fait partie de la loi « pouvoir d’achat » puisque même si son montant sera revalorisé, sans que l’on sache pour l’instant de combien, le principal changement est que son versement sera désormais conditionné à un minimum d’activité de la part de ses bénéficiaires, par exemple des stages en entreprises, des heures de formation ou une recherche effective d’emploi.
L’indexation des retraites sur l’inflation, que l’on ressuscite, elle aussi n’a rien à faire dans la loi « pouvoir d’achat » car il est simplement « normal » que les montants des pensions suivent l’inflation. A noter par exemple qu’en 2019, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, le Parlement avait voté une hausse des pensions largement inférieure à l’inflation, entraînant une baisse du pouvoir d’achat des retraités.
Enfin pour la prime carburant, dont la remise de 18 centimes par litre a été prolongée jusqu’à fin août 2022, il est presque certain qu’elle prendra fin un jour même si les prix continuent à dépasser les 2 euros le litre. Alors qu’elle concernait tous les automobilistes l’on envisagerait de la remplacer par une aide ciblée pour seulement quelques centaines de milliers de « gros rouleurs », par exemple ceux utilisant leur véhicule pour leur travail, les autres n'étant plus aidés.
Sans oublier le chèque énergie pour les plus pauvres et les boucliers tarifaires pour le gaz et l’électricité et l’on comprendra que ces mesures, qui ont été imaginées par les cabinets de conseil de Macron, ont surtout pour but, grâce à leur nombre et leur diversité, d’essayer de faire croire aux Français que le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour les aider alors que le nombre de bénéficiaires des aides, dette de l'État oblige, sera globalement en diminution.
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