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Bien sûr Emmanuel Macron aurait pu nommer Brigitte Macron première ministre, ce qui aurait été très pratique par exemple pour parler des sujets brûlants le soir avant de se coucher mais il ne l’a pas fait. Non il a déclaré le 9 mai à Berlin qu'il savait qui serait son prochain premier ministre et il semblait au début qu’il devait s’agir d’une femme de gauche puisque que 2 femmes proches du parti socialiste avaient déclaré avoir refusé le poste. Ensuite divers noms ont circulé, peut-être volontairement pour voir les réactions ou les créer, entre autres ceux d’Audrey Azoulay, d’Élisabeth Borne et de Marisol Touraine, plutôt de gauche puis enfin celui de Catherine Vautrin, bien ancrée à droite. Il semblerait donc que les cabinets de conseil aient longtemps hésité puisqu’il a fallu attendre une semaine après la déclaration de Macron pour que le nom de la personne finalement choisie soit dévoilé et il a même été dit que c’était volontaire car le président réélu souhaitait reporter le plus longtemps possible la nomination d'un nouveau gouvernement étant donné le délai très long (8 semaines) séparant cette année la présidentielle des législatives, le but étant de « tuer le temps » pour avoir l’impression d’être toujours au lendemain du second tour de la présidentielle. Quoi qu’il en soit une femme, et c’était ça qui semblait le plus important, a été désignée et cette femme est … Élisabeth Borne.
« Une femme » car il est évident qu’il n’y a pas eu beaucoup de femmes premières ministres jusqu’à présent, seulement une seule sur 24 premiers ministres durant la cinquième république. A ce sujet les amateurs de parité « femmes-hommes » devraient réaliser que celle-ci pour ce poste sera difficile à rétablir, à moins par exemple que les 23 prochains premiers ministres soient tous des femmes.
Concernant le « profil » d’Élisabeth Borne il est à noter qu’après avoir été proche du Parti socialiste, elle a rejoint La République en marche et est devenue Ministre chargée des Transports en mai 2017, Ministre de la Transition écologique et solidaire en juillet 2019 puis Ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion en juillet 2020. Son ralliement étant ancien, puisqu’il date de 2017, elle fait donc partie des premiers transfuges socialistes et le fait qu’elle soit devenue une fervente macroniste a comme conséquence que son image de femme de gauche s’est complètement effacée. On aurait d’ailleurs du mal à trouver des exemples dans ses actions et ses déclarations rappelant son passé d’avant Macron. Dans ces conditions c’est un peu comme si quelqu’un de droite avait été choisi et la volonté obsessionnelle et teintée de démagogie de Macron d’avoir une « femme de gauche », si tel était vraiment son but pour contenter par exemple les électeurs s’apprêtant à voter pour les législatives pour un candidat de la NUPES, n’est donc qu’à moitié satisfaite. De plus Élisabeth Borne n’incarne peut-être pas foncièrement la nouveauté et le renouvellement politique qui furent un temps évoqués lors de l’attente de la nomination.
Ceci dit Élisabeth Borne ayant été nommée il reste à savoir combien de temps elle restera en place. S’agira-t-il d’une mission de longue durée ou y aura-t-il un nouveau changement (sans doute pour une autre femme) une fois les résultats des législatives connus ? Cela dépendra peut-être en partie de l’accueil que les Français lui feront (sa prédécesseure, Édith Cresson, il y a 30 ans, ayant été quelque peu malmenée - violentes critiques, souvent teintées de sexisme - pendant ses 11 mois d’activité) et des qualités qu’elle montrera, qualités qui doivent être grandes puisqu’elles ont amené Emmanuel Macron à la convaincre de quitter le ministère du Travail pour s’installer à Matignon et entrer de plain-pied dans la féroce arène de la vie politique française. Enfin il est important me semble-t-il de comprendre que même si le poste de première ministre ne consiste pas seulement à faire de la représentation il n’est pas vraiment primordial car en temps ordinaire, c’est-à-dire en dehors des périodes de cohabitations où le Président n’a pas de majorité, ce qui ne risque peut-être pas d’arriver cette fois-ci, c’est bien davantage le chef de l’État (Macron) que le gouvernement qui détermine la politique de la Nation. Qu'on se le dise !
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