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Eh bien voilà les Français ne voulaient pas d’un duel Macron-Le Pen au second tour mais, comme en 2017, ils auront un duel Macron-Le Pen. Les deux qualifiés vont donc s’activer tant et plus pendant les deux semaines séparant les deux tours mais pour les autres, les vaincus, la déception surmontée ils vont pouvoir se reposer, bien que dans cet univers-là on ne s’arrête jamais tout à fait et ce d’autant plus qu’il y a les législatives à préparer. Intéressons-nous donc à quelques-uns de ces pauvres vaincus du premier tour par ordre d’arrivée.
Jean-Luc Mélenchon, qui selon certains depuis qu'il se déguise en écologiste serait de gauche et non pas d’extrême gauche comme Marine Le Pen serait de droite et non pas d’extrême droite, a réalisé un très bon score (21,9 %) encore meilleur que celui du premier tour de 2017 (19,58 %), à croire que certains Français ont choisi de saborder le pays. Mais puisque c’était sans doute sa dernière présidentielle car il aura 75 ans en 2027 il va donc devoir passer le relais bien que sa succession, étant donnée sa forte personnalité, ne sera peut-être pas facile, aucun autre membre de la France insoumise n’arrivant à sa hauteur. Son parti risque donc d’être, du moins pendant un certain temps, entre parenthèses si aucun leader n’émerge. Restera à savoir si son nombre de députés (17) augmentera.
Éric Zemmour (7 %), lui, a réellement bouleversé le premier tour non seulement avec ses déclarations outrancières et son programme mais aussi parce qu’en tant que deuxième candidat non négligeable, il a permis à l’extrême droite d’accroître son importance (+ de 30 % des votes). Bien que son score ne corresponde pas à celui annoncé il fut un temps par les sondages son but était je crois d’exister dans cet espace politique extrême et il semblerait qu’il l’ait atteint.
Valérie Pécresse, bien que donnée peu après sa déclaration de candidature comme possible qualifiée pour le deuxième tour, n’a en fait obtenu que 4,8 % des suffrages et n’arrive qu’en cinquième position. Ceci est peut-être dû à la fois au fait que certains électeurs ont jugé que son programme était trop similaire à celui de Macron et que d’autres ont été choqués par ses propos sur le « grand remplacement », empruntés à Zemmour, lors de son meeting raté du 13 février. Quoi qu’il en soit, après cette nouvelle défaite, le parti LR risque de connaître bien des remous et, si Macron l’emporte, de se diviser entre ceux qui accepteront ou non de gouverner avec LREM et, si Le Pen gagne, d’être tenté de collaborer ou non avec l’extrême droite. Et, dans ces conditions, nul ne peut dire aujourd’hui si le nombre de députés LR (une centaine) augmentera ou non ou même si ce parti n’explosera pas.
Yannick Jadot comme beaucoup d’écologistes ne pensait certainement pas obtenir un score aussi faible (4,6 % - frais de campagne non remboursés) surtout suite à la progression d’EELV aux élections municipales mais, outre le fait que certains aspects de son programme tel que le rejet du nucléaire ne semblent plus être en phase avec la situation de crise et de flambée des prix de l’énergie que nous connaissons, son échec est peut-être aussi dû au fait que les Français pensent que les écologistes ne sont pas encore assez compétents pour pouvoir gouverner le pays et que certaines mesures radicales annoncées pour réaliser la transition énergétique les effraient. On peut donc se demander si EELV gardera ses 9 députés (18, tous partis confondus, pour les écologistes).
Anne Hidalgo (1,7 %), le désastre, la débâcle, l'effondrement, le PS à l’agonie. Puisque l’on va sans doute beaucoup en parler, je ne m’attarderai pas là-dessus sinon pour dire que tant que Macron sera là le PS ne pourra peut-être pas renaître de ses cendres, même s’il change de nom.
Je ne parlerai pas non plus des autres (petits) candidats, qui s’attendaient sûrement à leurs résultats mais il me semble pour finir intéressant de rappeler que le RN depuis 1988 n'a pas de groupe à l’Assemblée mais que cela changera peut-être cette année même si, comme l’espère Emmanuel Macron, le modéré qui occupe à lui tout seul un grand espace politique central l’emporte ou, bien sûr, c’est évident, à plus forte raison, si le modéré est battu par la candidate du parti extrême.
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