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Ce ne sera pas vraiment 70, mais plutôt 69 ans, étant donné le symbole que représente la dizaine des soixante-dix unités mais tout de même. Ça ne serait peut-être pas pour tout de suite même si l’ancien premier ministre, Edouard Philippe, sans doute pour faire parler de lui, a proposé un départ pouvant aller jusqu’à 67 ans et qu’en Europe, certains pays, l’Islande et l’Italie, ont déjà fixé l’âge légal à 67 ans.
Mais ce qu’il faut remarquer c’est que de nombreux responsables politiques, macroniens ou appartenant à la droite modérée (la plupart des autres étant pour le statu quo), réclament actuellement une augmentation de l’âge légal de départ à au moins 64 ou 65 ans. Selon eux, et le vote symbolique du Sénat la semaine dernière sur le report de l'âge légal à 64 ans était destiné à le rappeler, il y a urgence car les caisses sont vides et si l’on ne veut pas baisser le montant des pensions, il faut impérativement reculer l’âge de départ à la retraite, en particulier à cause de l’augmentation de l’espérance de vie donc du nombre de retraités.
Puisque tout ceci se situe dans le contexte de la réforme des retraites, qui n’a pu être finalisée pour cause de COVID, l’on peut tout de même se demander si Emmanuel Macron, qui a annoncé qu'il n'y aurait pas de réforme des retraites avant 2022 (sans préciser si ce serait avant ou après la présidentielle), presque assuré qu’il est d’être présent au deuxième tour face sans doute à un candidat d’extrême droite théoriquement facile à battre, si Macron ne va pas être tenté d’annoncer un recul de l’âge légal, par exemple à 64 ans, avant la fin de son premier quinquennat, les modalités de la réforme pouvant être examinées après sa possible réélection.
Cela lui permettrait ainsi de contenter les électeurs de droite, ainsi que bon nombre des siens, en montrant qu’il a agi face à l’urgence.
Quant à la réforme en elle-même, « la retraite par points », soit disant plus juste car supprimant quelques avantages pour une minorité de fonctionnaires mais n’apportant rien de plus, et peut-être même moins, à tout le monde, l'on pourrait presque à la limite s’en passer, étant donnée la manne financière qu’apporterait le report de l’âge de départ à la retraite, et d’ailleurs cette réforme, dont Macron, aux dernières nouvelles, ne voudrait peut-être plus, serait sans doute moins favorable aux futurs retraités sous Macron 2 que sous Macron 1, ce dernier, une fois réélu, n’ayant plus l’obligation de plaire.
Effectivement le raisonnement des partisans du report serait presque parfait s'ils n’oubliaient pas qu’il existe des différences sensibles entre un départ à la retraite à 62 ans et à 67 ans par exemple. Certes l’espérance de vie a augmenté mais à force de retarder l’âge de départ, la retraite va devenir non seulement beaucoup plus courte (une poignée d’années pour certains) mais aussi, le temps ayant agi sur les organismes, beaucoup moins active, une retraite essentiellement « sénile » en quelque sorte.
Et puis, sachant qu’actuellement seulement environ 35% des personnes exercent une activité à 61 ans, c’est-à-dire un an avant l'âge légal de départ à la retraite, l’on peut se demander ce que deviendrait ce pourcentage si l’âge légal était fixé par exemple un jour à 67 ans ou plus, avec souvent plus d’une dizaine d’années passées au chômage à attendre la retraite.
Donc si le report de l’âge de départ s’avère être vraiment inévitable, il faudra bien que les futurs retraités continuent à travailler, ce qui nécessitera, entre autres, une transformation des mentalités pour lutter contre la discrimination à l’embauche ou au maintien dans l'emploi dont sont pour l’instant souvent victimes les séniors de la part des employeurs.
Tout ceci bien sûr en attendant peut-être qu’un jour l’on décide finalement de supprimer les retraites et de nous contraindre à travailler « jusqu’au bout ».
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