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Dès l’ouverture de la COP 26, à Glasgow, l’on a beaucoup parlé de l’absence de la Chine, premier émetteur mondial de CO2, qui aurait décidé de ne plus fixer d’engagements chiffrés après avoir seulement dit qu’elle atteindrait son pic en 2030 (au plus tard) et la neutralité carbone en 2060.
On peut bien sûr s’étonner qu’alors que de nombreux pays ont pour objectif de réduire de plus de 50 % leurs émissions de carbone en 2030, la Chine, elle, prévoit à cette date d’atteindre son maximum d’émissions qui iraient ensuite en décroissant dans les décennies suivantes. Mais il ne faut pas oublier que la Chine est en quelque sorte l’usine du monde et puisqu'elle va sans doute vouloir privilégier son économie pour continuer à fabriquer tous les produits que nous lui achetons, il ne lui sera pas facile, dans ces conditions, de conserver son niveau de production tout en entamant une transition énergétique radicale.
L’on risque donc de connaître dans quelques années une situation où un certain nombre de pays, dont les pays européens, seront devenus vertueux en matière de lutte contre le réchauffement climatique alors que la Chine n’aura pas vraiment fini de se transformer. D’où des risques de reproches allant grandissant contre ce grand pays qui est actuellement responsable de 27 % des émissions de gaz à effet de serre. Car, le réchauffement climatique étant un phénomène mondial, rien ne pourra vraiment changer tant que la Chine n’aura pas suffisamment agi.
Que pourrons-nous faire alors ? Eh bien pas grand-chose dans la mesure où la Chine, de par son organisation politique particulière, tient avant tout à son indépendance. A noter aussi que, malgré les tensions qu’elle a actuellement avec les Etats-Unis concernant son influence stratégique et économique dans différentes régions du monde, cela ne l’empêche pas de continuer à produire pour des entreprises américaines puisque, par exemple, pour vous donner un ordre d’idée, 99,7 % des iPhones sont encore fabriqués en Chine, les 0,3 % restants, et c’est une nouveauté, provenant d’Inde.
Mais quant à penser que la Chine pourrait, pour favoriser son économie, ne faire que très peu d’efforts pour limiter le réchauffement cela me semble excessif. Simplement elle risque d’agir lentement et même si elle dispose, par exemple, d'une infrastructure lui permettant d’installer des millions de panneaux solaires, dont la quasi-totalité sont fabriqués chez elle, elle part d’une situation assez désastreuse puisque, entre autres, la part du charbon dans sa production d’électricité est encore de plus de 65 %.
Le climat aura-t-il le temps d’attendre que la Chine accomplisse sa transition énergétique ? C’est bien sûr LA question.
Car même si l’on comprend bien que la Chine va devoir faire face à un immense problème d’organisation pour continuer à être la 2ème puissance économique mondiale tout en effectuant une transition énergétique efficace, on peut douter qu’elle réussisse à réaliser rapidement les modifications structurelles nécessaires.
C’est pourquoi il nous faudra sans doute oublier les objectifs de limiter le réchauffement climatique à 1,5 ou 2 degrés et nous préparer aux conséquences que ne manqueront pas de créer des augmentations de températures plus élevées. Il sera donc indispensable, en attendant que la Chine finalise sa transformation, que nous préparions des plans d’action pour rendre supportable le réchauffement et limiter ses effets dévastateurs.
Mais si, d’aventure, vous pensez avoir une idée concernant la manière à employer pour que la Chine puisse réussir en un temps très court à supprimer ses émissions de CO2 n’hésitez surtout pas à vous manifester.
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