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Il se passe souvent des choses terribles en France mais personne ne s’en rend vraiment compte. En effet, dernièrement, François Bayrou, président du mouvement démocrate (Modem), Haut-commissaire au Plan et maire de Pau, a exprimé le souhait que soit créé un « grand mouvement politique central » qui naîtrait du regroupement, mais pas vraiment de la fusion, des 2 piliers de la majorité, LaREM et le Modem. Ce rassemblement unitaire, appelé aussi « maison commune », permettrait à la majorité de s’élargir et servirait à soutenir la candidature d’Emmanuel Macron à la prochaine présidentielle et à faciliter les négociations pour les investitures aux législatives qui suivront.
Bien que l’on puisse se demander quelle serait l’utilité d’un tel regroupement alors que LaREM et le Modem sont déjà « copains comme cochons », il est intéressant de remarquer que, dans l’esprit de François Bayrou, LaREM est un parti du centre, ce qui est loin d’être évident puisque sur les 24 % environ d’intentions de votes pour Macron, annoncés actuellement par les sondages pour 2022, il doit bien exister au moins 18 % de ces potentiels électeurs qui sont franchement de droite.
Mais, ce détail mis à part, ainsi que le besoin malsain de savoir à qui profiterait le plus, entre le Modem et LaREM, ce rapprochement tant désiré par François Bayrou, tout irait pour le mieux pour que ce projet se concrétise, du moins en paroles, s’il n’existait pas un élément perturbateur capable de menacer cette noble entreprise au point, peut-être, de remettre en cause son existence.
En effet, Édouard Philippe, ancien premier ministre de Macron et ex-député LR, après avoir annoncé, lui-aussi, son soutien « complet » au Président de la République, a confirmé sa volonté de fonder son propre parti avec un positionnement politique situé entre La République en Marche et Les Républicains.
On imagine donc que Macron risque d’être tiraillé entre Bayrou et Philippe, entre le centre et la droite et que cela va peut-être lui faire perdre son ambiguïté naturelle qui a consisté, jusqu’à présent, à ne jamais dire s’il était de droite ou de gauche, à accueillir au sein de ses gouvernements des ministres de droite et de gauche, bref à ne jamais dévoiler, mais peut-être n’en a-t-il pas, sa réelle orientation politique.
Mais même si tous les amis de Macron risquent de se battre entre eux pour savoir qui l’aime le mieux, il faut bien comprendre que toute cette agitation n’a de sens que si Macron remporte la présidentielle en avril prochain.
Car, dans le cas contraire, tout s’effondrera. LaREM, n’ayant plus de chef, ou du moins un chef battu, perdra plus de 4 cinquièmes de ses députés aux législatives qui suivront puisque, malheur au vaincu, même les électeurs qui auraient été tentés de voter pour ce parti en cas de victoire de Macron, se détourneront de lui pour en choisir un autre, de droite, du centre ou de gauche, et il y a de grandes chances pour que cette force politique, nouvellement et artificiellement créée, ne se remettra jamais de la défaite de son chef et créateur. Et alors, avant que de devoir peut-être changer de nom pour continuer à exister, LaREM se contentera de quelques dizaines de députés après avoir connu en 2017, année du triomphe, la gloire en obtenant la majorité absolue.
Mais nous n'en sommes pas encore là et, comme nous le rappelle le proverbe « Qui vivra verra », il nous faudra encore attendre un peu pour savoir si cet effondrement ou plutôt cette chute se réalisera.
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