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Cette semaine BFMTV a invité Nicolas Hulot pour un entretien après la diffusion d'un reportage intitulé « Climat, l’apocalypse ». Pour rappel Nicolas Hulot, 66 ans, après avoir été longtemps producteur et animateur d’émissions télé de découverte des paysages naturels du monde et de leurs habitants, s’est ensuite tourné vers l’écologie politique et est même devenu, du 17 mai 2017 au 28 août 2018, ministre de la Transition écologique et solidaire, sa démission ayant été motivée par le fait qu’il n’avait pas la possibilité de vraiment agir. Pourtant, même s’il a été « Macron compatible » et donc plutôt de droite alors que ses amis écologistes d’EELV ont récemment déclaré incarner la gauche, ses positions sont intéressantes dans la mesure où il est plutôt pessimiste quant à notre capacité de limiter l’ampleur du réchauffement climatique.
Par exemple, alors que Yannick Jadot déclare : « Il existe un scénario où nous gagnons la bataille du climat », Nicolas Hulot semble lui répondre quand il dit : « Pour le 1,5 degré de plus, la bataille est probablement perdue. Il faudrait stopper net toute activité demain matin, ce qui n’est pas possible ».
Bien que tous aient conscience de l’existence d’une certaine urgence, on peut donc penser qu’EELV, espérant réussir lors des prochaines élections, ne veut pas décourager ses électeurs potentiels alors que Nicolas Hulot, qui « n’a plus l’énergie pour rentrer dans une campagne », lui, est plus libre dans ses propos.
Il déclare, par exemple : « Maintenant la priorité va être l’adaptation », comprenez s’adapter au réchauffement climatique, alors qu’EELV ne dit rien à ce sujet.
Ceci dit, selon lui, le combat est encore possible car il ajoute : « Nous avions du temps pour organiser la transition énergétique. Maintenant nous sommes sommés de changer rapidement si l’on ne veut pas que le chaos l’emporte ».
Mais justement cette nécessité d’agir très rapidement, qui semble être partagée par EELV, en plus du risque de faire « n'importe quoi », pose tout de même un problème car l’on peut craindre que si les écologistes arrivaient au pouvoir, des mesures dures, sans concertation, seraient prises à la hâte pour répondre à l’urgence climatique.
Il ne faudrait donc pas que cette urgence ait comme conséquence de transformer notre démocratie en une sorte de dictature écologique qui ne tiendrait aucun compte des avis des citoyens et de la pluralité des éléments qui composent notre monde et que l’on oublie aussi que la France n’est pas le seul pays à pouvoir agir.
La « bonne cause », comme nous l’a montré la pandémie du coronavirus, ne doit pas justifier toutes les actions, même les plus liberticides, surtout quand elles sont menées sans l’accord du public, et ceci est valable aussi bien sûr pour la lutte contre le réchauffement climatique.
« Que de temps perdu ! » se désole Nicolas Hulot mais il faudrait peut-être lui dire que même s’il est déjà trop tard pour éviter toutes les conséquences, nous pouvons tout de même limiter l’ampleur du réchauffement et aussi tenter de rendre supportables ses effets, même si, pour l’instant, rien n'est fait en la matière. Il faudra, par exemple, concevoir des habitats gardant la fraîcheur, inventer des climatiseurs peu énergivores, modifier nos horaires, trouver des légumes et des fruits pouvant pousser dans des conditions climatiques extrêmes, renforcer les digues, organiser l’accueil des réfugiés climatiques etc. Donc beaucoup d'efforts en perspective.
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