|
Ce qui frappe surtout, concernant les déclarations et articles qui ont suivi l’annonce des ravages que le logiciel espion israélien Pegasus aurait causés, c’est la naïveté et l’embrouillement.
Tout d’abord un site Internet d’une association de journalistes a révélé l'utilisation abusive de ce logiciel espion, capable d’enregistrer des données de Smartphones, par une dizaine de gouvernements dans le monde. Il est à noter que les pays susceptibles d’avoir utilisé ce logiciel ne sont pas forcément les plus développés puisque l’on a parlé du Mexique, de l’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis, de l’Inde, de l’Azerbaïdjan, de la Hongrie ou du Maroc, les personnes visées par cet espionnage étant, concernant la France, des journalistes, des défenseurs des droits humains, des responsables gouvernementaux, des ministres et même le Président.
On a donc eu droit à diverses déclarations condamnant ces pratiques d’espionnage, dont celle de la présidente de la Commission européenne ou d’Edward Snowden, réfugié en Russie, réclamant l’interdiction du commerce des logiciels espions.
Pourtant, et peut-être surtout parce que l’un des téléphones d’Emmanuel Macron aurait été visé par une tentative d’espionnage de la part de services marocains utilisant le logiciel Pegasus, plusieurs questions se posent.
Comment se fait-il qu’un logiciel malveillant, dont les nuisances étaient connues depuis des années, n’ait pas déclenché des réactions de protection, peut-être pas chez les défenseurs des droits humains, qui ne sont pas forcément très aguerris contre les attaques de malwares, mais chez les journalistes ou les responsables politiques ?
Ensuite ce n’est pas faire injure aux concepteurs de Pegasus que de dire que celui-ci n’est peut-être pas le seul capable d’espionner les Smartphones Android ou les iPhones et que d’autres logiciels de ce genre, peut-être plus sophistiqués, pouvant par exemple être désinstallés à distance sans laisser de traces une fois le « travail » accompli, ont peut-être été créés dans divers pays développés. Veut-on donc faire croire au public que si l’on parvenait à interdire le logiciel Pegasus l’espionnage des Smartphones n’existerait plus ?
Veut-on aussi faire croire qu’il existe un certain nombre de pays pratiquant l’espionnage à distance et que tous les autres, par exemple la France, sont vertueux ?
Ou le message principal consiste-t-il à dire qu’aujourd’hui tout le monde peut être espionné, ce qui, si l’on ne décide pas de vivre sans Smartphone, aurait peut-être pour but de nous préparer à la banalisation de ce type de pratiques d’espionnage pour les décennies à venir ?
Face à toutes ces interrogations il serait intéressant, bien que difficile, de savoir quelle a été la principale information qui a été assimilée par le public suite à la révélation des méfaits du logiciel Pegasus, tout en sachant, bien sûr, que tout ceci a peut-être surtout servi à occuper nos esprits au cœur de l’été (ce que l’on appelle le marronnier) et à nous faire oublier pour un temps notre fameux pass sanitaire étendu.
|
|